Le Centre Francophonie de Bourgogne organise régulièrement des "Rencontres de la Diversité". La sixième édition s'est tenue du 28 au 30 novembre 2019, avec un programme varié, puisque celui-ci touchait différents arts : littérature, cinéma, musique... et des invités venus de toutes parts, riches de leur singularité culturelle et leurs expériences qu'ils ont partagées avec le public.

Illustration 6e Rencontres

Parmi les temps forts de ces rencontres : trois tables-rondes, un café littéraire à la Médiathèque du Creusot et deux soirées festives, bref un programme qui illustrait bien l'objet de ces rencontres : la diversité.

J'ai eu l'honneur d'introduire le sujet de la première table table-ronde : "Une France pluriculturelle". Une affirmation qui pose un constat : la France n'est pas une mais plurielle, que cela plaise ou non. Et si cela déplaît, il faut se souvenir que cette pluriculturalité, cette diversité d'origine est la conséquence des choix effectués par la France qui a longtemps pratiqué l'esclavage et la colonisation, et qui a fait venir en grand nombre sur son territoire des habitants de ses colonies, parce qu'elle en avait besoin. Et puisque la France s'est annexé ces territoires d'Outre mer, puisqu'elle a décidé que ces territoires étrangers étaient le prolongement de la France, il n'est pas étonnant que la population française ait commencé à se diversifier, au point que l'on trouve aujourd'hui des Français noirs, des Français d'origine maghrébine, etc.

(Françoise Bouchet, de la section Ligue Des Droits de l'Homme,

modératrice de la première table-ronde, a la parole)

La Rencontre entre la France et ces territoires situés par-delà les mers qu'elle a voulu soumettre à sa domination, ne s'est pas faite sur des bases saines, puisqu'elle reposait essentiellement sur le profit, le pouvoir, la domination... Elle a donc généré toutes sortes de violences et d'exactions. Les anciennes colonies françaises ont dû lutter avec acharnement pour obtenir l'indépendance. Celle-ci ne leur a pas été "offerte", elle a plutôt été "arrachée". De combien de tragédies cette histoire des indépendances n'a-t-elle pas été semée ? Comment Haïti est-elle devenue la première République noire proclamée, avec des figures comme Toussaint Louverture ? Quelles conséquences la guerre d'indépendance algérienne a-t-elle laissées ? Elles sont incontestablement profondes, au point que les relations entre la France et l'Algérie continuent à faire l'objet de réflexions, comme le prouve le sujet de la 3e table-ronde : "France / Algérie : amour / désamour ?" Les interventions de l'historien Ali Guenoun et de l'universitaire Maurice Mauviel entre autres ont particulièrement souligné la complexité de ces relations.

(De gauche à droite : Ahmed Kalouaz, Mustapha Harzoune, Maurice Mauviel, Claude Thomas,

Samia Messaoudi, Ghanima Ammour, Ali Guenoun)

Pourquoi rappeler ces pages de l'histoire ? Pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd'hui, ne pas reproduire les erreurs du passé mais agir au contraire de manière plus juste. En effet, nous ne pouvons pas défaire le passé, mais nous pouvons construire le présent, bâtir l'avenir : quelles couleurs choisissons-nous pour peindre l'avenir ?

Nous ne sommes pas responsables de ce qui s'est fait hier, avec l'esclavage et la colonisation par exemple, mais nous pouvons agir aujourd'hui. Et c'est la responsabilité de chacun de poser des actes qui favorisent le vivre-ensemble.

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Le discours du président du Centre Francophonie de Bourgogne, M. Claude Thomas, durant la séance d'inauguration ; les interventions des élus de la commune et aussi la présentation de la modératrice de cette première table-ronde, Mme Françoise Bouchet, présidente de la section Ligue Des Droits de l'Homme du Creuzot, allaient tous dans ce sens : nous devons vivre dans la fraternité et dans le respect les uns des autres, et ne pas nous laisser piéger par les discours xénophobes de ceux qui préfèrent dresser les Français les uns contre les autres.

(Liss Kihindou, Ying Chen et Françoise Sule)

La deuxième table-ronde, "Des Femmes de par le monde" a réuni neuf femmes, des femmes aux multiples casquettes, à commencer par la modératrice, Samia Messaoudi, journaliste et écrivaine originaire d'Algérie, qui se trouve aussi dans l'équipe de direction de l'association Femmes solidaires ; Nadia Chafik, universitaire et écrivaine du Maroc ; la réalisatrice Sonia Chamki, de Tunisie ; la poétesse et conférencière franco-haïtienne Maggy de Coster, l'écrivaine, éditrice et artiste française Françoise Mingot ; la poétesse sino-canadienne Ying Chen, l'animatrice culturelle Françoise Sule, venue de Suède, la poétesse franco-algérienne Ghanima Ammour, et moi-même, Liss Kihindou.

(Entourée des trois soeurs pétillantes du groupe Tighri Uzar)

Les femmes où qu'elles se trouvent, où qu'elles vivent, mènent des combats similaires. Les témoignages apportés par les trois soeurs du groupe Tighri Uzar pendant leur spectacle ont fait retentir des échos chez le public. Je n'ai pu m'empêcher par exemple de faire un parallèle avec le roman Celles qui attendent, de Fatou Diome. Au Sénégal comme en Algérie, les femmes attendent l'amour de leur vie, parti outre-mer chercher un avenir meilleur. Vies en pointillés, rythmées par l'espoir des retrouvailles.

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(Claude Thomas, président du Centre Francophonie de Bourgogne, animant le café littéraire à la Médiathèque du Creuzot.)

Le samedi matin le public était au rendez-vous à la Médiathèque du Creuzot. Une autre occasion de s'exprimer sur ses écrits, sur son parcours.

Ces rencontres se sont terminées en beauté, avec la soirée animée par différentes formations, différents artistes, qui ont joué de leur voix, de leurs instruments, avec brio. J'ai en particulier été touchée par les paroles de certains des chants exécutés par la chorale italienne, ainsi que par les mélodies que l'artiste sénégalais Bademba tirait de sa Kora.

(entre chercheurs : Nadia Chafik, du Maroc, Ali Guenoun d'Algérie et Liss Kihindou du Congo)

De jolis moments, de belles rencontres, que nous avons pu vivre grâce à l'engagement du Centre Francophonie de Bourgogne, l'investissement des bénévoles et la présence d'un public chaleureux.

Des liens se sont tissés naturellement, en particulier pendant les repas.

(Originaire de Colombie, de Tunisie, d'Haïti, du Congo ou de France, entre femmes, on se comprend)

Je termine en citant Saint-Exupéry : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis".

Je remercie le Journal du Creuzot, les bénévoles du Centre Francophonie de Bourgogne et les ami(e)s rencontré(e)s lors de ces journées pour les photos.

Découvrir le reportage en images sur le blog du Centre Francophonie de Bourgogne en cliquant ici.

6e Rencontres de la Diversité au Creuzot

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